A propos de l’assimilation, Paul Niger publia en avril 1962 dans le Revue Esprit, un article intitulé : »L’Assimilation, forme suprême du colonialisme ».
Les Extraits reproduits ci-après sont avec l’aimable autorisation de la Revue Esprit:
« L’ancienneté du fait colonial
Les entreprises humaines sont habiles à se couvrir de mots aussi imagés que faux. L’étiquette « départements d’outre-mer » laisse entrevoir je ne sais quelle palpitation physique de morceaux de chair métropolitaine prospérant sous d’autres cieux avec une perpétuelle nostalgie du ventre originel; elle recouvre en réalité une entreprise très concrète, très comptable, très commerciale qui, au cours des siècles, ne s’est pas embarrassée d’inutiles scrupules, même si, par moments, elle s’est revêtue d’oripeaux engageants et de masques trompeurs. « L’assimilation » fut un de ces merveilleux trucs politiques créé pour les besoins du maître passé en mode et accepté comme vérité par ceux-là mêmes qu’il eut en charge d’endormir, de ligoter, d’anéantir. […]
[…] Or, l’assimilation est un procédé de colonisation commode et efficace. Elle s’appuie sur un système de références idéologiques et historiques d’accès et de maniement faciles. Une certaine paresse d’esprit y pousse. Son utilisation est d’une technique à portée de la main. Il suffit de transposer lois et règlements, organisation, structures économiques. Plus besoin d’approfondir les conditions naturelles, les moeurs des habitants, de se mettre à la place des autres. On considère comme démontrée une fois pour toutes la supériorité de sa propre organisation, de sa civilisation, de sa culture, de sa religion.
Et son efficacité vient de ce qu’elle double les moyens classiques de domination pure: forces militaires et policières, écrasement économique, d’une série de mystifications, politique, culturelle, social, psychologique. S’il prend la précaution de créer des alliés dans toutes les couches de la société et à toutes les périodes de l’histoire, le colonisateur prolonge indéfiniment son emprise ».
http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=22260
C’est un article qui à mon avis, est susceptible d’éclairer et de nourrir le débat qui nous occupe en ce moment. A cet égard, Paul Niger était un visionnaire. Son analyse d’un demi siècle est tout à fait d’actualité.
L’assimilation politique et statut quo ne vont-ils pas de pair, ne marchent-ils pas du même pas boiteux et ne conduisent-ils pas à une impasse? L’exemple du changement d’horaire est à ce titre édifiant. A trop vouloir ressembler à autrui, on court le risque de perdre son âme jusqu’ à faire fi des fuseaux horaires, de l’environnement naturel. A ce rythme-là ils auraient réussi l’exploit de faire tomber de la neige artificielle en plein carême. Quand on y pense, on se dit tout de même que c’était une vaste lubie, une extravagance, une folie pure. Mais aussi grave fut le mensonge historique (nos ancêtres les gaulois) qui était « enseigné » dans les écoles en Guadeloupe. L’assimilation revêt un relief particulier c’est quand elle investit le champ du langage, du vocabulaire. C’est ainsi que le mot « été » est employé comme si c’était un saison de la Guadeloupe alors que nous avons deux saisons qui sont le carême et l’hivernage, mais l’ignorent-ils?. En faisant un petit tour sur la toile, de page en page on peut tomber sur choses surprenantes, édifiantes. Il suffit de taper dans un moteur de recherche « l’été en Guadeloupe » pour s’étonner, se moquer de l’impudence de certains.