L’étymologie de hurricane ou ouragan est hurakan, en langue taïno. L’Histoire a retenu le nom d’Anacaona, une reine qui résista jusqu’à y laisser sa vie, après l’invasion des conquistadores. Les Taïnos vivaient dans cette partie du monde avant que La Pinta, La Ninã et La Santa-Maria de Colomb ne vinrent jeter l’ancre dans les eaux, d’où, les îles de l’archipel guadeloupéen notamment avaient émergées des millions d’années auparavant. C’est au début de la saison des ouragans que L’Olive et Duplessis (le 28 juin 1635 exactement) foulèrent le sol de Karukéra. Cette infraction, invasion signaient ainsi l’arrêt de mort des Kalinas.
La suite de cette histoire tragique, nous la connaissons pour partie. Car, les archives recèlent un nombre incalculable de documents sur la traite, l’esclavage, ses déflagrations, dislocations en terre d’Afrique à cause du poison du lucre qui coulait dans les veines des négriers, des armateurs qui quittaient les ports de la Rochelle, Bordeaux, Nantes, Saint-Malo, Marseille, Le Havre à bord de navires chargés d’eau-de-vie, de toiles d’indienne de traite, d’armes à feu qui faisaient voile vers le Golfe de Guinée… Ils y allaient pour commettre des razzias, se livrer à la rapine avec les complicités des potentats dans la commission du crime de déportation d’une population juvénile, ce que le Guide commerce appelait “le troc des nègres”, sous l’onction de l’église catholique apostolique et romaine, la férule d’un arsenal juridique (Code noir, ordonnances royales, arrêts de la Cour d’Etat, lettres de patentes royaux…) qui permirent la perpétuation de l’abomination depuis le milieu du 17ème siècle jusqu’au XXème siècle avec le travail forcé qui prit fin en 1946.
Selon les estimations du Trans-Atlantic Journeys Traced In Slave Trade Atlas, entre 1551 et 1850, la France a déporté 1 381 404 Africains pour servir de main-d’oeuvre servile dans les plantations de canne à sucre, de coton des Antilles. Ce régime de privation de liberté, ce système d’exploitation du labeur, des Africains au profit des colons a été possible, maintenue avec l’appui d’un arsenal juridique dont voici un aperçu de l’éventail jusqu’à l’abolition définitive en 1848 et la Loi n° 2001-434 du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité votée à l’Assemblée Nationale :
La Charte de concession de l’île Saint-Christophe et aux îles voisines de 1626
Contrat conclu devant Gabriel Guerreau et Pierre Parque, notaires au Châtelet, pour le rétablissement de la Compagnie des îles d’Amérique 12 février 1635
Contrat de vente de la Guadeloupe et des îles adjacentes (Désirade, Marie-Galante, Saintes) par la Compagnie des îles d’Amérique à Jean de Boisseret, conseiller du Roi, correcteur à la Chambre des Comptes (copie). (4 septembre 1649)
Guerre de 1658 contre les Indiens caraïbes
Traité conclu entre Charles Houel, gouverneur de la Guadeloupe et les Caraïbes (31 mars 1660)
Contrat conclu devant La Mothe et Le Boeuf, notaires à Paris, par lequel Jean Bochart de Champigny, intendant de Normandie, et Madeleine Houel, sa femme, vendent à la Compagnie des Indes occidentales une partie de la Guadeloupe, Marie-Galante et la Désirade (10 juillet 1664)
Arrêt du Conseil qui décharge du droit de 5 % les nègres de Guinée qui seront amenés aux îles d’Amérique. 1 p. Imprimé. (26 août 1670)
Lettres patentes… pour la liberté du commerce sur les costes d’Afrique… / Louis XV (roi de France ; 1710-1774), 1716
Arrêt du Conseil d’Etat et lettres patentes sur icelui, qui ordonnent que les directeurs de la Compagnie des Indes seront payés par le Garde du trésor royal, de la gratification de 13 livres par tête de nègres qui ont été et seront portés par les armateurs, des côtes d’Afrique dans les Isles et colonies françaises de l’Amérique (Dès 31 juillet & 26 septembre 1744)
Code noir ou recueil d’édits, déclarations et arrêts concernant la discipline et le commerce des esclaves nègres des isles françaises d’Amérique donné à Versailles au mois de mars 1685
Arrêt qui assujettit Pierre François Gilbert de Crapado aux droits de capitation pour ses nègres et denrées, et qui lui accorde exemption de ce droit pour 24 nègres seulement, en sa qualité de comte de Lohéac, et pour ses terres de Guadeloupe (n° 11) (27 novembre 1735)
Ordonnance du marquis de Larnage, gouverneur, et de Maillart, intendant des îles Sous-le-Vent, à propos des nègres marrons épaves qui seront vendus désormais à l’encan, plutôt qu’employés aux travaux de fortifications, où ils étaient de peu d’utilité (n° 83) (2 juillet 1745)
Déclaration qui autorise les gouverneur et intendant de la Guadeloupe à commuer la peine des galères prononcée contre les nègres fugitifs et marrons, en celle d’être enchaînés pour servir à perpétuité aux fortifications et autres travaux de la colonie (n° 16) (1er mars 1768)
Arrêt qui casse et annule les sentence et arrêt rendus au conseil supérieur de la Guadeloupe, à propos de la capture et de l’enlèvement d’un nègre appartenant au sieur Rion, habitant de l’île, et qui ordonne que le sieur Rion se pourvoira devant les gouverneur et intendant de la colonie (n° 23) 17 octobre 1742
Guide du commerce, contenant 4 parties … Par C. F. Gaignat de Laulnais,… / Gaignat de L’Aulnais, C.-F., 17..
Arrêt qui, sans tenir compte de la demande des Capucins missionnaires à la Guadeloupe, qui réclament le mulâtre André, ordonne l’exécution du jugement rendu le 8 février 1738 par les gouverneur et ordonnateur de l’île, lequel annulait l’affranchissement dudit André, accordé par Catin Quiesmes, femme de Richard Longly, comme étant contraire à l’ordonnance royale du 21 mars 1716 (n° 30) 25 décembre 1743
Arrêt qui ordonne que les deniers provenant de la vente de quatre nègres esclaves qui se sont sauvés des îles anglaises d’Antigues vers la Guadeloupe, seront remis dans la caisse du commis des îles du Vent pour être employés aux fortifications de ces îles (n° 11) 23 juillet 1745
Déclaration qui autorise les gouverneur et intendant de la Guadeloupe à commuer la peine des galères prononcée contre les nègres fugitifs et marrons, en celle d’être enchaînés pour servir à perpétuité aux fortifications et autres travaux de la colonie (n° 16) 1er mars 1768
Décision relative à l’application de l’arrêt du Conseil d’État du 23 septembre 1776 réglant l’évaluation pour remboursement à leurs maîtres des esclaves suppliciés ou tués en marronnage. 4 p. (5 décembre 1777)
Arrêt qui établit et fixe, pour la Guadeloupe et ses dépendances, un taux commun de remboursement du prix des esclaves suppliciés et tués en marronage (n° 14) 1er mai 1778
ALBUM – LA PREMIÈRE ABOLITION DE L’ESCLAVAGE DU 16 PLUVIÔSE AN II/4 FÉVRIER 1794
1793-94 : La Révolution abolit l’esclavage. 1802 : Bonaparte rétablit l’esclavage
Décret relatif à l’abolition de l’esclavage dans les colonies et les possessions françaises du 27 avril 1848